lundi 19 mai 2008

vendredi 16 mai 2008

jeudi 15 mai 2008

Retouche

En ce matin de temps clos, regarde
la beauté des choses à dire
révélée en éclats discontinus
le désordre s'est fait nu
aléatoire est le regard
sous l'empressement d'un sentiment

Regarde, sous les lambeaux de silence
après la froide écume
les vengeances de saison
dressées sur une table farouche
les feux qui voguent
sans empressement
d'une syllabe un écart
sur la flamme invisible
porteuse d'un accent d'outre-vent
la grammaire d'une vague
et son usage particulier
l'émotion d'une voûte sonore
comme preuve irréfutable
entrelacée d'aurore.

Invente la vision d'un histoire
brûlante de sel
un aveu
sous l'évidence vide
perceptible
de ce chemin inquiet
Qui prend le large

Il est des lieux secrets
fragiles
une lame au bord de l'âme
au chevet d'un voyage
en dune de verre

Et l'aube chavire sur
un mirage
Allégorie imprimée
en immortelle pensée.

samedi 10 mai 2008


Reposez-vous, mangeurs de choses,
Ou prenez-moi par une main qui dévore.
Au fond du jeu qui me suppose,
Se font, se défont les tissus du corps.

Reposez-moi, mangeurs de choses,
Entre les doigts défaits de la main bleue
Qui file, autour de la nuit qui m'expose
Ses ongles, larmes sèchées d'anges creux.

J'ai mémoire encore de poutrelles,
Au -dessus du lac qui saborde
Ses propres surfaces sous les ailes;
Et puis les gestes prêtés à l'ordre

Et les gestes d'intervention
D'une muraille plantée de coudes
Qui ne jure l'absolution
Que pour cette partie de ciel pur.(1)
***
Pensées d'ailleurs
D'une barque qui se meurt
Derrière une mémoire vacillante
Qui, sans jamais se retenir
Tourne autour d'un soupir de couleurs.
***
Saveur d'homme / JP. Duprey

dimanche 4 mai 2008


Conversation

C'est l'infime qui crée l'agitation et le risque de se perdre, et les mots hésitent entre deux univers , eux si abstraits qu'ils ne sont que rayons, roues, éclairs et cabrioles enchaînées, comme au firmament les rotations des astres, mais en raccourci, avec en plus le risque de perdition, de désagrégation, à tout le moins d'anamorphose, comme si les mots étaient le souffle de cette palpitation d'ici-bas lorgnant lointainement le ciel dont ils dépendraient, tel l'original au miroir d'une image, peut-on n'être qu'entre ciel et terre, rien que cette tension des grands soirs au pôle, oeil qui se purifie à la glace , transparent à la vision offerte qui se déprend de l'impalpable; chaque être porte en soi le naufrage...

mercredi 30 avril 2008


Lieu sans nom

C'est pour cela que nous sommes au monde.
Pour ce ressourcement
Du bleu dans le noir.

Il n'y a pas de porte où nous entrons.
*
Flêche dédiée au voyageur
................Le soleil résiste sur le toit
et l'image bouge
(renversée ) dans le ciel du dessous.
*
Maintenant et toujours
Le sang quitte ce monde
..........et les lieux dorment.
La fête est sur la rive
avec les clés avec les larmes
.......Et le poids pur du vent.
*
Reste debout
Sur l'axe froid du soir
Avec une clarté touchante
Laisse le temps nous aveugler.
La terre et la mer conjuguées
Les nuits se sont cachées
*
Avec les bâteaux.

lundi 28 avril 2008


Le coeur incirconcis.

Quand un mot n'est qu'un île encerclée d'air, comme ces cailloux d'enfance d'où s'écarte la nuit, quelle autre trouver là qu'une pauvre âme blottie autant sur un gravier que sur d'immenses tours ?
C'est comme ensomeiller sa peur à chaque station parlée , chacune pour bâtir , sculpter à des buées de bouche sa préférence.
Ah ces âmes mises en ordre, à la façon des os rangés sous le linceul d'un dictionnaire.
Mais plus qu'une pose de florilège s'avance notre commun, comme une remue de mer sous d'innombrables draps:
L'unie sintaxe de même souffle où se-fait -et-défait le nid de soi.

Patrick Guyon / Le livre de la sortie du jour.

vendredi 25 avril 2008


Au commencement : le Verbe

Attendre - comme un arbre au bord des eaux
que du vertigineux mouvement croisse et monte
par les canaux secrets un siècle de repos
dominateur des vents que le bras calme affronte

Attendre- comme l'arbre en mille ans les linceuld
des hivers ou les fleurs toujours inattendues
ou comme torche enfin par l'orage tendue
la foudre châtiment de l'orgueil d'être seul

Dormir- toute la nuit des pierres sur le front

comme fonce le flot sous les arches d'un pont
Rêver_ éclairs perdus à tâtons vers les cibles
commencements de soi fontaines du possible

Agir- sauter d'un bond dans le camp des vainqueurs
les éléments, brûler de tous les feux qui passent
et prenant le flambeau des mains du grand voleur
forcer le cours du temps ramer contre l'espace...

Mais le verbe le vrai n'est pas encor trouvé
pour défoncer la porte où je l'entends qui gronde
et frappe, le terrible inconnu de ce monde,
- La clé du roi, le mot des derniers conjurés.

mercredi 23 avril 2008


Ethique de la nuit

En moi tes pas résonnent
Je t'appellerai mémoire
Ivresse ou nombre
Je te ferai le don d'un lys
Et du printemps tardif

Je t'appellerai aube
Roue des intenses forêts
Moi qui n'ai jamais vécu
Que de nuit perpétuelle
Moi qui ne fus que doute.

Tu es du temps qui s'accumule
Ma terre simple
Mon livre d'avant la vie
La grande leçon du crépuscule
Ma rive mon château dormant.

Nous voilà pris dans la chaîne des images
Avec ruptures et détours approches atteintes
Les yeux tournés vers d'étranges lumières
En moi tes pas résonnent devancent les mots
L'ombre est en feu........... chair contre chair
La nuit s'écroule.

L. RAY

dimanche 20 avril 2008


La nuit

Viens la Nuit , silencieuse et plus ancienne que nous
Là où nous cherchons en vain à rejoindre

Un impossible rêve, viens dans nos regards,
Viens dans nos voix, viens dans notre sang

Toi plus vivante que je ne le suis et qui ne laisses
En chemin qu'une trace de lumière noire

Sur nos sommeils sur nos visages éteints
Et qui creuses au - dedans de nous un abîme


D'être et d'absence, nuit des jours accomplis
Plus radieuse et plus forte que tous les temples,

Toi qui perpétues le souffle du songe, Nuit
Des interrogations, messagère muette,

Ecriture aveugle, ô mémoire! ô mère!
Patiente solitaire possessive éblouissante,

Belle comme l'inquiétude entre ciel et monde!

LIONEL RAY/ Matière de nuit

vendredi 18 avril 2008


Imaginaire imaginante

"On veut toujours que l'imagination soit la faculté de former des images.Or elle est plutôt la faculté de déformer les images fournies par la perception, elle est surtout la faculté de nous libérer des images premières, de changer les images.S'il n'y a pas changement d'images, union inattendue des images, il n'y a pas d'imagination, il n'y a pas d'action imaginante.
Si une image présente ne fait pas penser à une image absente, si une image occasionnelle ne détermine pas une prodigalité d'images aberrantes, une explosion d'images, il n'y a pas imagination. Il y a perception, souvenir d'une perception, mémoire familière, habitude des couleurs et des formes.
Le vocable fondamental qui correspond à l'imagination , ce n'est pas image , c'est imaginaire . Grâce à l'imaginaire, l'imagination est essentiellement ouverte, évasive. Elle est dans le psychisme humain l'espérience même de l'ouverture, l'espérience même de la nouveauté. Plus que toute autre puissance, elle spécifie le psychisme humain "

Gaston Bachelard/ L'air et les songes.

mercredi 16 avril 2008


La nuit va durer des mois, maintenant. Le soleil lentement glisse le long de la pente de la terre vers le gouffre qui communique avec le fond de l'océan. Il disparaît dans l'étroit canal du vortex, et son cercle de flammes devient un tourbillon glacé.
Alors il n'y a plus d'idées, plus de langage, plus de signes, rien. En haut de la tête, le cerveau est un bloc de glace, et les bras, les mains, les jambes, le ventre, brûlent de la drôle brûlure du gel.
Pour celui qui voit le soleil disparaître, comme cela, et tirer sa chaleur et sa lumière, et enlever son regard , la peur a commencé.

JMG.Le Clézio / Mydriase

lundi 14 avril 2008


Syllabes de sable

Comme une maison de paroles
Fable de pierres qui gravitent
autour du coeur lentement
et se dissout comme un fil d'ombre

Comme une musique mentale
une voix de sable qui s'éboule
comme un monde qui s'achève
quand un autre commence

le temps nous rêve et nous construit
avec chiffres et alphabets
ses lois, ses cartes, ses quatre fleuves

Il nous parle de mort et d'eau obscure
inscrit en nous des questions sans réponses
plus bas, toujours plus bas, dans l'en-dessous.

LIONEL RAY

dimanche 6 avril 2008


Entre à la nuit sans rivages
si tu es le vent de passage
L'onde aux doigts inconnus
La faux luisante de la nuit

Les silences nés de l'aube
Lèvent des couleurs pastel
Au bras d'une vague éternelle
Les reflets où tu sombres

Le jour annule sous son voile
L'oubli qui le rendra éternel

vendredi 4 avril 2008


Dehors le jour indolore se traîne
Mais les marées le retiennent
Vague élan sur le chemin de sable
Le silence a dessiné le vent
La mer renonce à initier le chant
La nuit l'attend.
Reste la terre en mouvements
Circulaires.